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Sous ma frange...

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Quand j’ai eu 40 ans il y a 3 mois, je m’attendais à tout : aux rides, aux cheveux blancs, aux kilos en plus qui déboulent sans prévenir. Les trucs dont on te parle dans les magazines et que les peoples jurent éviter, la main sur le cœur, en buvant un jus de citron à jeun au réveil. Mon œil.

A ce niveau-là, mon capital génétique m’a plutôt bien épargnée : ma mère et ma grand-mère n’ont quasiment aucune ride et presque aucun cheveu blanc.

En revanche, personne ne m’avait prévenue d’un des dommages collatéraux de la quarantaine : la chute de cheveux.

Le sujet est tabou mais c’est un fait établi, les femmes aussi se dégarnissent avec l’âge, j’en fais désormais la douloureuse expérience.

Au début, j’ai juste remarqué que je trouvais des cheveux partout : plus seulement sous la douche mais sur mon ordinateur, sous les chaises, sur mon oreiller, partout sur mes vêtements.

En passant la serpillère, j’en récupérais à la pelle, en vidant la bonde de la douche c’était des poignées entières. Ca a même fini par boucher l’évier de la cuisine.

Au début, j’ai pensé que cette chute était liée au stress, j’ai donc acheté des comprimés d’Oneobiol en me disant que ça ne me ferait pas de mal. Evidemment, ça n’a servi à rien.

Non seulement mes cheveux tombaient sans discontinuer mais je m’apercevais que ceux qui repoussaient étaient plus fins. Ma frange a bien été divisée par 4 en épaisseur.

Mon capital génétique m’a évité les rides et les cheveux blancs, pas l’alopécie androgénétique dixit mon dermatologue. Ma mère et ma grand-mère se sont souvent plaintes de leurs cheveux, je touche mieux du doigt pourquoi désormais.

Pour essayer de lutter contre la déforestation de l’avant de mon crâne (la chute semble être localisée à cet endroit), mon médecin m’a prescrit il y a quelques jours un produit au nom barbare, L’Alopexy, à appliquer sur cheveux secs matin et soir. Un liquide poisseux qui rend le coiffage très difficile et qui va m’obliger à me laver les cheveux quotidiennement.

Mais le pire ce sont les effets indésirables : l’augmentation de la pilosité entre autres. Etre chauve ou poilue, cruel dilemme…

Avant d’être touchée par ce problème, je n’imaginais pas à quel point la perte de cheveux pouvait être déstabilisante. On se sent seule, désemparée, touchée au cœur même de sa féminité. L’observation de mon crâne tourne à l’obsession. J’avoue avoir eu envie de les couper courts et de les éclaircir afin qu’ils soient moins visibles partout dans la maison. J’appréhende de mes les laver tant la vision de ces paquets dans le fond de la douche me dépriment et j’envisage de me laisser pousser la frange pour ne plus pouvoir comparer avec l’épaisseur d’avant.  C’est désormais devenu un tic, je ne peux m’empêcher d’observer le crâne des autres femmes, de scruter le cheveu qui s’affine ou d’envier les crinières fournies.

En évoquant ce problème sur Facebook, j’ai découvert que plusieurs amies étaient touchées par ce phénomène, sans jamais en avoir parlé avec elles. L’une d’entre elle m’a avoué avoir laissé pousser sa frange pour masquer ses tempes. Une autre m’a raconté à quel point elle avait été mal à l’aise quand son coiffeur s’est mis à brailler dans le salon « Bah alors Madame X, mais vos cheveux, y'en à plus beaucoup !!! Il faut faire quelque chose... ». Tout en discrétion et délicatesse…On notera qu’un coiffeur ne se permettrait jamais la même chose à l’égard d’un homme : quand une femme perd ses cheveux c’est forcément « car elle n’a pas fait quelque chose », qu’elle se laisse aller…Culpabilité quand tu nous tiens…

C'est justement pour libérer la parole, déculpabiliser les femmes qui pourraient vivre cette expérience pas toujours simple que j'ai décidé d'écrire ce billet. Si ce texte a permis à l’une d’entre elles de se sentir moins seule ou désemparée alors le but aura été atteint.

Histoire de prendre un peu de hauteur sur le sujet et comprendre ce que véhicule la chevelure féminine, je vous conseille la lecture instructive de ce passionnant article : "Petite histoire capillaire de la féminité."

Moi, je vais essayer de ne pas trop me faire de cheveux…

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